Festival F’A’A 2024
Filmer l’Art et l’Architecture
Deuxième édition
13, 14 et 15 septembre 2024
Atomic Cinéma, Aubigny-sur-Nère
Centre-Val de Loire
Pour sa deuxième édition, le Festival F’A’A – festival de cinéma sur l’art et sur l’architecture – propose des regards aiguisés sur l’histoire de l’art par les cinéastes et les artistes eux-mêmes.
Du vendredi 13 septembre (18h30) au dimanche 15 septembre (18h), réalisateurs, artistes, curateurs et historiens d’art débattent de 9 séances composées de films réalisés entre 1947 et 2024 par trente cinéastes dont plusieurs déjà mythiques comme Alain Resnais, Marcel Broodthaers, Raoul Ruiz, Atom Egoyan, Beka & Lemoine, André Delvaux, Alain Cavalier ou émergents comme Gabriel Abrantes, Amie Barouh ou Maxime Rossi…
Trente-quatre films sur des courants artistiques comme le surréalisme, l’art flamand, la renaissance italienne ou l’art de la terre, et des oeuvres telles que celles de Gordon Matta-Clark, Constantin Brancusi, Piero della Francesca, John Baldessari, Hans Hartung, Thomas Schütte, Bernard Callet, Jean-Michel Basquiat, Max Ernst…
Le vendredi est consacré à une séance “spécial collégiens” et à la soirée des réalisateurs de la “Résidence F’A’A” au Château de Moison : Maud Faivre et Marceau Boré.
EN CONTINU
En face du cinéma, la Galerie François Ier expose un programme de films : hommage à Yona Friedman / artistes de la Galerie Capazza.
BANQUET
Le banquet réunit l’ensemble des participants le dimanche midi. (voir inscription ci-dessous)
NAVETTE
Pour rejoindre le cinéma le samedi 14 depuis la Gare de Vierzon : départ à 12h10 et depuis le cinéma Atomic vers la gare de Vierzon le dimanche à 18h. (voir inscription ci-dessous)
Direction du Festival : Mary-Anne de la Palme
Direction de programmation : Sylvie Boulanger
Direction culturelle : Jean-Yves Charpin
Atomic Cinéma
23 rue du Prieuré
18700 Aubigny-sur-Nère
Centre-Val de Loire
En train (1h30) Paris-Austerlitz ➔ Vierzon + Navette (45min)
En voiture (2h15) de Paris prendre A6-A77, sortie Gien
En avion de tourisme Aérodrome d’Aubigny-sur-Nère
À pied ou en vélo GR3 – La Loire à vélo (EuroVélo 6)
Navettes F’A’A
► ALLER Samedi 14 septembre
Train conseillé 10h28 Paris-Austerlitz ➔ 12h02 Vierzon
Navette F’A’A 12h10 Vierzon ➔ 12h55 Aubigny-sur-Nère
◄ RETOUR Dimanche 15 septembre
Navette F’A’A 18h Aubigny-sur-Nère ➔ 18h45 Vierzon
Train conseillé 19h12 Vierzon ➔ 20h54 Paris-Austerlitz
Sur réservation dans la limite des places disponibles
Banquet
DIMANCHE 15 SEPTEMBRE
Un banquet aura lieu à la Galerie François Ier à 12h30
Sur réservation dans la limite des places disponibles
Vendredi 13 septembre
| SÉANCE ● Bérangère Casanova, Michel Madore, En bordure du silence, 15 min, 2023 Une projection pour les 146 élèves de 4e du Collège Gérard Philipe, en partenariat avec l’Association Aimer. Ressentir. Transmettre. |
| SÉANCE ● Maud Faivre et Marceau Boré, Modèle Animal, 52 min, 2024 Débat en présence de Marceau Boré (musicien et réalisateur), Sylvie Boulanger (curatrice et programmatrice), Maud Faivre (photographe et réalisatrice). |
Samedi 14 septembre
| SÉANCE ● Dylan, Isaac, Justine, Océana, Sanchaï, Shun, Théo, Éclats, 2 min, 2024 Débat en présence de Louise Arnette (artiste), Anne-Laure Chamboissier (commissaire d’exposition), Jean-Yves Charpin (réalisateur), Karine Laffont (directrice de la Mission Locale du Pays Sancerre Sologne), Solène Mouly (chargée de communication Mission Locale Pays du Sancerre Sologne) et Jean-André Viala (directeur Allons Voir ! parcours d’art contemporain). Séance programmée par Jean-Yves Charpin. |
| SÉANCE ● Maxime Rossi, Real Estate Astrology, 21 min, 2015 Débat en présence de Lydie Delahaye (maîtresse de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) et Jonathan Pouthier (responsable de la programmation cinéma, Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou). Séance programmée par Jonathan Pouthier. |
| SÉANCE ● Marcel Broodthaers, Interview With A Cat, 5 min, 1970 Débat en présence de Michel Aubry (artiste), Sylvie Boulanger (curatrice et programmatrice), Lydie Delahaye (maîtresse de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Jonathan Pouthier (responsable de programmation cinéma, Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou). Séance programmée par Sylvie Boulanger. |
| SÉANCE ● Alain Resnais, Visite à Hans Hartung, 7 min, 1947, avec une création sonore en live par Max-Louis Raugel, 7 min, 2024 Soirée officielle présentée par Sylvie Boulanger (curatrice et programmatrice), Jean-Yves Charpin (réalisateur), Mary-Anne de la Palme (productrice) et Laurence Renier (maire de Aubigny-sur-Nère, conseillère régionale, présidente de la Communauté de Communes Sauldre et Sologne, présidente du Syndicat de Pays Sancerre Sologne). Soirée programmée par Sylvie Boulanger. |
Dimanche 15 septembre
| SÉANCE ● Younès Ben Slimane, All come from dust, 8 min, 2019 Débat en présence de Jean-Yves Charpin (réalisateur), Mary-Anne de la Palme (productrice), Pascale Raynaud (responsable de la programmation cinéma à la Direction de l'auditorium et des spectacles, Musée du Louvre), Hervé Rousseau (artiste et céramiste) et Jonathan Safir (réalisateur). Séance programmée par Pascale Raynaud et Mary-Anne de la Palme. |
| SÉANCE ● André Delvaux, Avec Dirk Bouts, 30 min, 1975 Débat en présence de Lydie Delahaye (maîtresse de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Laurent Fiévet (artiste), Andreas Koch (réalisateur), Patrik Pion (artiste) et Jonathan Pouthier (responsable de la programmation cinéma, Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou). Séance programmée par Sylvie Boulanger. |
| SÉANCE ● Luciano Emmer, Parole Dipinte – I Fratelli Miracolosi, 9 min, 1948 Débat en présence de Sylvie Boulanger (curatrice et programmatrice) et Monica Regas (coordinatrice de Sensoprojekt). Séance programmée par Sylvie Boulanger. |
+ Tous les jours
Des films en accès libre dans la Galerie François Ier 1 Rue du Bourg Coutant 18700 Aubigny-sur-Nère
Notices des films et séances
SÉANCE
Lauréats Résidence F’A’A 2
Cette séance est consacrée traditionnellement aux derniers résidents de la Résidence F’A’A au Château de Moison. Nous avons choisi de jumeler un festival et une résidence afin de créer deux offres complémentaires : le festival donne accès à des films rares sur l’histoire de l’art à un public large, et la résidence accompagne les auteurs ou les artistes dans la réalisation, la diffusion de films, ou la finalisation de films, si ceux-ci demandent un travail collaboratif.
Maud Faivre et Marceau Boré, Modèle Animal
Modèle Animal, le premier film de Maud Faivre et Marceau Boré, produit par L’image d’après, a pour trame la volonté typiquement humaine d’étudier et de comprendre le vivant. Les expériences s’enchaînent autour de ce théâtre animalier dont les insectes ordinaires sont l’objet de toute cette activité.
Maud Faivre (vit à Bruxelles, née en 1986), est photographe et réalisatrice. Elle collabore régulièrement avec des architectes et des paysagistes sur des projets à long terme, et répond à des commandes publiques autour du paysage et de l’architecture. maudfaivre.com
Marceau Boré (vit à Tours, né en 1986), est musicien et réalisateur. Son travail porte sur les questions liées aux enjeux écologiques. Il aime capter les sons de son environnement et recréer des paysages sonores.
SÉANCE
Solidaires
Dès leur création, les Ateliers de Moison ont voulu associer à leurs actions des publics dont l’accès à l’art est rare et difficile. En 2023, au sein de la structure d’insertion ISA Groupe d’Aubigny sur Nère, nous avons filmé des personnes prises en charge par l’association, qui participaient à la création d’un spectacle théâtral issu de leurs expériences personnelles. Des moments choisis de ce travail ont ensuite été projetés aux participants. La très grande majorité d’entre eux ne s’était jamais vu sur un grand écran et les réactions de ces “invisibles”, souvent bouleversantes, ont été filmées. À la fin de ce parcours, le film final a été projeté en ouverture du Festival F’A’A 2023 devant une salle pleine, conquise par le courage de ces “acteurs” d’un jour. En 2024, c’est cette fois-ci en partenariat avec la Mission locale d’Aubigny-sur-Nère qu’une démarche artistique a été entreprise, avec l’aide de la DRAC Centre-Val de Loire dans le cadre du dispositif “Été culturel”. Sept jeunes (16-25 ans) encadrés par un réalisateur sont partis caméra en main à la découverte du parcours d’art contemporain “Allons voir !” organisé par Jean-André Viala. Ils ont rencontré et interviewé face caméra deux des artistes qui participent à cette manifestation, Bernard Calet et Louise Arnette. Ils ont aussi filmé l’œuvre pérenne de Baptiste de Bombourg installée dans le lavoir de Thou. Pendant plusieurs jours, ils ont monté leurs images pour ce qui est leur première expérience de réalisation. Au tout début du Festival F’A’A 2024, et avant la programmation officielle, ce travail sera projeté dans la salle de l’Atomic Cinéma d’Aubigny-sur-Nère et sera suivi d’une rencontre entre les jeunes et le public.
Dylan, Isaac, Justine, Océana, Sanchaï, Shun, Théo, Éclats
Jean-Yves Charpin et Christophe Maizou, Rencontres filmées
Les films, montés sous la direction du réalisateur Jean-Yves Charpin, et produits avec LAM – Les Ateliers de Moison, mettent en scène cette confrontation entre les jeunes et les artistes, élargissant le champ des perceptions et faisant naître un dialogue plein d’interrogations et d’émotions.
Jean-Yves Charpin (vit en Dordogne, né en 1959) est réalisateur et vice-président des Ateliers de Moison. Journaliste reporter d’images pour différentes chaînes de télévision pendant plus de vingt ans, il participe à la création du magazine Capital sur M6. Passionné par l’écologie, il sera pendant huit ans l’un des piliers du magazine Gaïa, diffusé sur France 5, qui est alors, au milieu des années 90, la première émission hebdomadaire de télévision consacrée au développement durable. Il se tourne ensuite vers le documentaire qu’il pratique pendant dix ans. Aujourd’hui, il cherche à transmettre des clés de compréhension du récit audiovisuel à des publics fragiles.
SÉANCE
Exercice illégal de l’astronomie
Le développement du cinéma à la fin du 19e siècle a marqué une rupture entre un système de représentation fondé sur la vérité d’après nature, qui prévalait depuis la Renaissance comme mode d’observation attentive du monde visible, et une objectivité mécanique qui permet un nouveau mode de représentation des phénomènes naturels et redéfinit notre manière d’en faire l’expérience. C’est précisément dans cet écart entre modes de représentation et d’observation que les films rassemblés dans ce programme nous invitent à considérer le film, non plus dans le cadre limité de son rapport analogique à la réalité, mais comme un système de pensée. “Si l’on se promène dans les forêts, et on regarde avec obstination par terre, alors on découvre sûrement un tas de choses belles et merveilleuses. Si tout d’un coup on regarde en l’air. On reste accablé devant la révélation d’un autre monde. Tout aussi merveilleux. Le sens des soleils, des lunes, des constellations, des nébuleuses, des galaxies et de tout l’espace en dehors de la zone proprement terrestre s’est implanté de plus en plus à la conscience des hommes, et aussi dans mon œuvre, et vont avec toute probabilité y rester.” Max Ernst
Maxime Rossi, Real Estate Astrology
Sur les traces de Max Ernst à Sedona, l’artiste français Maxime Rossi explore ce paysage d’Arizona dont l’aspect envoûtant des étendues désertiques et rocailleuses a profondément marqué l’esprit et l’œuvre du surréaliste en exil. À la recherche d’une ruine hopi, jadis habitée par Ernst, l’artiste propose avec Real Estate Astrology, film produit par ses soins, un voyage halluciné sous forme d’enquête teintée de surréalisme dans laquelle l’astrologie et le mysticisme viennent combler les apories de l’histoire.
Maxime Rossi (vit à Paris, né en 1980) est un artiste pluridisciplinaire. Sa pratique s’affranchit régulièrement des catégories. Ces multiples médiums lui permettent de puiser dans les cultures populaires comme les contre-cultures des siècles précédents pour produire des contenus vidéo ou plastique qui oscillent entre symbolisme et anecdote historique. Il est représenté par la Galerie Tiziana Di Caro à Naples. Son travail a été présenté lors de nombreuses expositions en France et à l’international : au Palais de Tokyo et au Centre Pompidou à Paris, au Musée Régional d’Art Contemporain à Sérignan, à la galerie Edouard Manet de Gennevilliers, à la Halle des bouchers de Vienne et au Musée départemental de Rochechouart. A l’international : lors de la 19ème biennale de Sydney, au S.M.A.K de Gent, au Tel Aviv Museum of Art, à Kanal Pompidou Bruxelles, au San Jose Museum of Art ou encore à la Kunsthalle de Munich.
Stan Brakhage, Mesa verde
Que s’est-il passé à Mesa Verde ? Conçu comme un exercice méditatif sur la ruine, le paysage et le temps suspendu, Visions in Meditation #2 : Mesa Verde, produit par Stan Brakhage, se situe à la croisée des genres, quelque part entre le film archéologique, l’essai poétique et l’expérience hallucinatoire. Figure centrale du cinéma expérimental américain, Stan Brakhage explore avec sa caméra ce qui fut jadis une grande cité indienne Pueblo, construite du VIe au XIIe siècle sur le plateau de Mesa Verde, dans le sud-ouest du Colorado, à plus de 2 600 m d’altitude.
Stan Brakhage (né en 1933, décédé en 2003) est un cinéaste américain. Il est une figure reconnue du cinéma expérimental du XXe siècle. Ses films, pour la plupart muets et abstraits, sont des temps de fervente contemplation, qui questionnent l’universel par superposition d’images dans le souvenir du spectateur.
Jeanne Liotta, Observando el cielo
“Sept ans d'enregistrement des espaces célestes, sept années d'images recueillies au sein du chaos cosmique et inscrites sur du 16mm, et ce à partir de différents lieux, sur ce trépied de caméra qu'est la Terre. Cette œuvre n'est ni une métaphore, ni un symbole, mais un affect à l'égard d'un fait dans la brume de la perception, à travers laquelle le temps coule. Des enregistrements radios, au naturel, à très basse fréquence, de la magnétosphère en action, permettent à l'univers de parler en son nom propre. The Sublime is Now. Amor Fati !” (LightCone). Ce film est produit par Jeanne Liotta.
Jeanne Liotta (vit à New-York, née en 1960) est réalisatrice et artiste plasticienne. Son travail porte actuellement sur le paysage cosmique, entre art, science et philosophie de la nature. Son film Observando el cielo a reçu le Tiger Award du film court au festival de Rotterdam et fut nommé dans le TOP Ten en 2007 du magazine Artforum.
Maya Deren, The Very Eye of Night
Ce film, produit par Maya Deren, traite du monde intérieur dans lequel passe celui qui s’endort. Sur fond céleste dansent des silhouettes graciles à travers un espace-temps sans limite, micro et macrocosme confondus. La position de la caméra, désormais sans horizon, offre une quatrième dimension, perpendiculaire au sommeil. La nuit comme scène, et le ciel comme écran.
Maya Deren (née en 1917, décédée en 1961) est une réalisatrice américaine. Reconnue pour sa pratique du cinéma expérimental dans les années 1940, ses courts-métrages sont souvent issus d’inspiration surréaliste et psychanalytique, où se mêlent la danse et les rythmiques. Elle est à l’origine du mouvement qui créa The Film-Makers' Cooperative, une réunion des cinéastes expérimentaux de l’époque.
Shambhavi Kaul, Night Noon
Sur une plage déserte, un chien et un perroquet. Seules figures dynamiques, l’étrangeté de la situation tient dans cette composition, entre poils, plumes, vent, vague et clair de lune. Ce film est produit par Shambhavi Kaul.
Shambhavi Kaul, (vit aux États-Unis, né en 1973) est une cinéaste, productrice et professeure en arts cinématographiques. Ses films relèvent du surréalisme et de la science-fiction, créant des décalages lors de la composition et du montage. Elle a exposé son travail dans le monde entier dans des lieux tels que le Festival international du film de Toronto, la Berlinale, le Festival du film de New York, le Festival du film de Londres, le Festival international du film de Rotterdam, le Festival international du film d'Édimbourg, l'Internationale Kurzfilmtage Oberhausen, l'Ann Arbor Film. Festival, la Biennale de Shanghai 2014 et une exposition personnelle en 2015 au Jhaveri Contemporary, à Mumbai.
SÉANCE
High & Low Culture
Jusqu’au XIXe siècle, on n’exigeait pas d’un spectateur de concert ou de théâtre l’écoute révérencieuse qui semble aujourd’hui la norme ; les musées n’existaient pas encore et l’art n’y était pas isolé mais commandé dans l’espace public et l’architecture. Les catégories de culture savante et culture populaire ne construisaient pas une hiérarchie culturelle. Au XXe siècle, les processus de sacralisation de l’art contribuent à fragmenter la diffusion culturelle en high ou low culture, mais surtout à diviser le public amateur en “publics” au pluriel. C’est paradoxalement ce phénomène de fragmentation des publics et d’institutionnalisation d’un art professionnel ou savant qui génère au XXIème siècle les mots d’ordre plus ou moins démagogiques : droit culturel, mixité des publics, accès au plus grand nombre, ouverture culturelle, art inclusif… Nous vous proposons ici une séance qui fait fi des catégories culturelles et de l’existence d’une culture savante. Les sept films qui la construisent abordent les contours d’une culture collective et non élitiste à partir de matériaux habituellement classés dans la plaisanterie, le pédagogique, le folklorique, le divertissement, la fable ou le show-biz.
Pour commencer, deux anti-films de l’artiste Marcel Broodthaers qui a développé dans ses films la relation contradictoire entre le langage et l’image. Deux “poèmes cinématographiques” qui rappellent les origines littéraires de l’artiste.
Marcel Broodthaers, Interview With A Cat
Sur le mode parodique, l’artiste belge Marcel Broodthaers réalise une mise en critique des discours de l’art dans un film qu’il produit et intitule Interview With A Cat datant de 1970 et montré pour la première fois au Musée d’art Moderne de Dusseldorf. Sous la forme d’une blague potache, il traite du caractère inexprimable de ce qu’est l’art.
Marcel Broodthaers (né en 1924, décédé en 1976) est un artiste plasticien et poète belge. La littérature et l’écrivain Mallarmé sont ses sujets de prédilection, bientôt suivis par l’institution muséale ou le concept de l’art en lui-même qu’il détourne et retourne allègrement avec de nombreuses références au peintre Magritte. Marcel Broodthaers écrit par lui-même sa biographie : “Je suis né en 1924. Je deviens artiste en 1963. Je fonde un musée en 1968. J’enterre ce musée en 1972. Je redeviens artiste la même année.”
Marcel Broodthaers, A voyage on the North Sea
“Un Voyage en Mer du Nord” est un projet qui a généré un film et un livre. Marcel Broodthaers présentait souvent ses films en même temps qu’un livre pour créer une forme inhabituelle et double de l’édition d’artiste qu’il appelait “livre-film”. Le tableau a également été exposé avec le film.
Le film se déroule à partir de l’exemplaire original du livre qu’il nomma un moment Analyse d’une Peinture. Les pages titre, l’absence d’action et les mouvements de caméra donnent à l’ensemble une allure de diaporama. Des plans montrent les détails d’une peinture du XIXe siècle, complétés par des photographies de yachts en mer dans le port d’Ostende, prises par l’artiste. Les manifestes “old school” et les clins d’œil délibérés que Broodthaers intégra dans le montage du film relient le cinéma pré-studio des années 1900 à l’apparition de la photographie et à la vidéo amateur de la fin du XXe siècle.
Charles et Ray Eames, Powers of Ten
En l’espace de neuf minutes, le couple de designers Charles et Ray Eames proposent un aller-retour cinématographique de l’infiniment petit à l’infiniment grand. C’est la question de l’échelle et de la place relative de l’homme mais aussi de l’objet créé par l’homme qui est posée ici. Une question fondamentale pour tout acte de création. Toutes les 10 secondes le champ de vision s'agrandit à la puissance de 10. Une préfiguration de la création numérique. Un film commandé et produit par IBM en 1977.
Charles (né en 1907, décédé en 1978) et Ray Eames (née en 1912, décédée en 1988) sont un couple de designers américains. Ils ont révolutionné le marché du mobilier avec des propositions accessibles, aux composantes légères, notamment le moulage de contre-plaqué. Ils sont en outre à l’origine de nombreux films et expositions, diffusés notamment au MoMA.
Raoul Ruiz et Nadine Descendre, Image de sable
Raoul Ruiz, réalisateur franco-chilien, réalise ce film 8 ans après s’être exilé en France suite au coup d'État de Pinochet. Nadine Descendre nous a écrit une lettre pour présenter le contexte dans lequel a été réalisé ce film produit par TF1, une commande improbable aujourd’hui sur aucune chaîne de télévision. Dans les années 80, dit-elle, avant la création des “Unités de programme” qui allaient progressivement instaurer une servitude commerciale, la télévision était un véritable laboratoire de recherche. Réaliser un documentaire sur l’art pour la télévision constituait une “échappée belle” entre cinéma et produit télévisuel. On ne se posaient pas vraiment la question de savoir dans quel contexte allait s’inscrire la diffusion du film. Dans le film, l’artiste est hollandais, employé aux monuments historiques néerlandais. Il construit, chaque week-end, des architectures fantastiques et éphémères, sur la plage de Haarlem.
Raoul Ruiz (né en 1941, décédé en 2011) accorde une attention particulière au détail, de premier comme de second-plan pour guider un spectateur dans des films à la structure labyrinthique. Il tourne pour la télévision française et réalise une centaine de films, dont Trois Tristes Tigres (1968), Généalogies d'un crime (1997) avec Catherine Deneuve, Le Temps retrouvé (1999) ou encore Klimt (2006) avec John Malkovich.
Nadine Descendre (vit à Paris, née en 1947) est une cinéaste, commissaire d’exposition, critique d’art, auteur de film et journaliste française. Elle est spécialisée dans l’art contemporain et les avant-gardes internationales. Elle a notamment écrit l’ouvrage Pierre Paulin : L’homme et l’œuvre (2014) et a dirigé la curation de l’exposition dédiée à Mohammed Kacimi au
Mucem (2019).
Gabriel Abrantes, A Brief History of Princess X
“C'est une blague ? C'est sérieux ? Je ne peux pas le dire, mais j'aime beaucoup cette sculpture.” Gabriel Abrantes réalise selon ses termes, une histoire survoltée de la tristement célèbre “Princesse X” du sculpteur Constantin Brancusi, un phallus futuriste en bronze qui est en fait un portrait en buste de l’arrière-petite-nièce de Napoléon, Marie Bonaparte, une des premières femmes psychanalyste, élève de Freud, célèbre pour ses recherches sur la sexualité féminine.
En stylisant cette sculpture de 1916, Brancusi lui-même se joue du double sens – de la polysémie d’une œuvre abstraite. C’était les débuts de l’abstraction qui déclenchait une polémique violente dans le milieu de l’art. Brancusi prend la critique qui sévissait à l’époque à son propre piège. Le film est produit par Herma Films et Les Films du Bélier.
Gabriel Abrantes (vit aux États-Unis, né en 1984) est un réalisateur américano-portugais. Son œuvre est reconnue tant par le monde du cinéma que par celui de l'histoire de l'art. Jouant de codes empruntés à ces deux domaines, Abrantes use volontiers d'un ton humoristique, et aime à accompagner ses images de scénarii toujours surprenants. Il en va ainsi pour Les extraordinaires mésaventures de la jeune fille de pierre (2019), ou pour L'agneau de Dieu (2020). Ses courts métrages ont été projetés dans de nombreux festivals, à l'instar de la Berlinale ou des Biennales de Venise et de Lyon. Il obtient le Grand Prix de la Semaine de la Critique ainsi, entre autres, que le Golden Leopard.
Bêka & Lemoine, Būto House
Architectes, artistes, réalisateurs et producteurs de leurs films sur l’architecture, Bêka & Lemoine sont plus anthropologue que sociologue. La question du rapport à l’espace est fondamental dans la vie. Pour eux, “Un espace c’est un espace et un corps”. Le film est d’abord un outil qui modifiera l’architecture elle-même : “Ce sont les représentations des bâtiments qui façonnent nos manières de construire”.
Dans Būto House, ils rencontrent au Japon Keisuke Oka, qui avait été – avant d’être architecte – danseur de butoh et grimpeur de clochers. Pendant 15 ans, Oka construit seul sa tour, improvisée comme une danse butoh, entièrement à la main : chaque section de béton ne mesure pas plus de 70 cm, car c’est le maximum qu’il peut porter. L’architecture est pour lui une performance, un geste presque organique, le contraire des immeubles de luxe standardisé qui entoure le bâtiment dans ce quartier Est de Tokyo. Il nomme son bâtiment l’“Arimaston”, un mot-valise japonais qui signifie: Fourmi-Truite-Cerf-Volant. L’espace qui émerge lentement est une forme de méditation en mouvement, une empreinte dans le béton de la vie d’un homme. Ce film raconte cette aventure à un moment très particulier de son histoire. Suite à une nouvelle réglementation urbaine, l’immeuble “Arimaston” a récemment été menacé de destruction par la ville de Tokyo pour être trop proche de la rue et des immeubles voisins. La seule solution serait de le reculer. En attendant l'issue du procès en cours, le chantier a dû être stoppé. Comme l’immeuble, ce film est une improvisation. Bêka & Lemoine ont rencontré Keisuke Oka par hasard le jour où il a choisi de construire, avant l’arrêt total du projet, les trois dernières marches de l’escalier qui mènera au dernier étage.
Ila Bêka (né en 1967 en Italie) et Louise Lemoine (artiste française ayant grandi à Bordeaux) sont deux réalisateurs.
Depuis leur rencontre dans les années 2000, ils enchaînent ensemble les projets cinématographiques, les installations, mais également les publications littéraires. Tous deux s’attachent à tenter de comprendre à quel point l’architecture est capable de créer des conditions qui peuvent interagir avec notre état de santé et d’âme, conférant pour cela une primauté totale au rapport des sociétés avec l’espace. Ainsi, leur premier film, Koolhaas Houselife (2008), donne à voir la vie d’une maison bordelaise conçue par l’architecte néerlandais Rem Koolhaas à travers la figure d’une femme de ménage.
Production : Bêka & Lemoine
Michel Aubry, Répliqûre : Les disparus de St Agil
“Nous avons profité avec David Legrand d’une soirée du colloque Copyright-Copywrong à l’école des Beaux-arts de Nantes, pour mettre en place ce qui allait devenir la méthode des répliqûres.”
“Répliqûre” est un mot d’invention, il provient du travail cinématographique entrepris par Michel Aubry depuis quelques années avec la complicité de David Legrand et de Marc Guerini. “Ces mondes sont reformés exclusivement par des doubles, précise Michel Aubry. David Legrand et moi-même rejouons les rôles et Marc Guerini reconstruit les cadres des films d'origine. Le projet repose sur une méthode de recréation vidéographique de quelques scènes choisies dans le cinéma français. Le terme vient de “Réplique” et du préfixe allemand “Ur-” : premier état d’une chose. Ainsi combiné, ce mot d’invention signifiant “réplique originale” oriente notre travail vers des pratiques de re-formation de mondes cinématographiques.”
“Nous connaissions par cœur une magnifique scène du film de Christian-Jacque Les Disparus de St Agil. La nuit du 16 février 2000, le temps était venu d’entrer dans les costumes de Michel Simon et de Le Vigan. Marc Guérini est à la caméra. Il a été le chef opérateur de nos premières répliqûres, particulièrement sur le tournage de la Répliqûre de La Grande Illusion au Château du Haut-Koenigsbourg. Forteresse que le Kaiser Guillaume II avait rêvé mais que Jean Renoir a utilisé comme décor de La Grande Illusion. Vingt ans après leur première copie filmique, Michel et David, Les Disparus de St Agil radotent. Les doubles rabâchent leur scène à la Chaufferie de
Strasbourg dans mon exposition. Heureusement pour nous, perdus en radotage, Florian Siffer nous a ouvert le cabinet des Estampes et Dessins des Musées de Strasbourg sur la place de la cathédrale absolument vide et confinée. Et voilà que les gravures de Dürer se sont transformées en d’authentiques originaux.” Ce film est produit et réalisé par Michel Aubry.
Michel Aubry (vit à Paris, né en 1959) est artiste plasticien, producteur et réalisateur. Les films accompagnent son travail et ses expositions depuis ses études aux Arts Décoratifs de Strasbourg.
Michel Aubry, Répliqûre : Pièges
“Pièges est un des premiers projets de répliqûres qui n’a été tourné que 20 ans plus tard en 2021 dans mon exposition à l’Aubette, Strasbourg. En août 2002, nous avons réalisé un prototype dans mon jardin à Châteauroux. La scène choisie est peut-être la seule scène intéressante du film de Robert Siodmak de 1939. Maurice Chevalier, vedette du film, cabotine mais enfin l’apparition d’un couturier fou, incarné par Erich von Stroheim, sauve le film. Il est question de présenter un défilé de mode devant des chaises vides. La répliqûre prenait tout son sens dans l’exposition à l’Aubette vidée de son public lors du confinement et dans le contexte du workshop monté à Mulhouse où des étudiantes de la HEAR ont réalisé un superbe costume en roseau.”
Amie Barouh, Ringo
Nous avons choisi de vous présenter dans ce festival une forme qui d’habitude est exclue du champ de vision des cinéphiles : le clip. Ici, Amie Barouh réalise un clip musical sur sa sœur Maïa Barouh (flûtiste et auteure-compositrice-interprète franco-japonaise), mais aussi sur son père (Pierre Barouh, chanteur compositeur et producteur important du cinéma : Un homme et une femme de Claude Lelouch…) décédé il y a quelques années. Pour la réalisatrice, tout cinéma, même informatif, est forcément subjectif, et vise avant tout à transmettre une expérience personnelle. Amie Barouh choisit ici de mettre en scène des artistes du cirque, forains et musiciens de la scène alternative du Japon. Le film est produit par David Dicembre.
Amie Barouh (vit à Paris, née en 1993) est une artiste vidéaste franco-japonaise. Elle défend un documentaire expérimental, qui entend donner la parole à des communautés marginalisées, dont la communauté Rom, vers laquelle son travail s’est orienté ces dernières années. L’artiste aime à retranscrire des instants de vie quotidienne dans une “juste proximité” avec son sujet. Elle ne cherche jamais à masquer sa subjectivité, composante essentielle, selon elle, de sa démarche artistique. Son film Je peux changer, mais pas à 100% a été sélectionnée à Vision du réel 2019 (Nyon, Suisse) et reçoit le Prix du Centre Pompidou en février 2021 dans le cadre de SI CINÉMA.
SÉANCE
Célèbres
Avec la séance Célèbres , nous prolongeons la réflexion sur la sacralisation de l’art, sur le parasitage de la création par un système de plus en plus marchand, mis en place au début du XXe siècle ; ses stratégies de reconnaissance, la production de célébrités mais aussi de codes esthétiques. Pour le critique d’art Roger Van Gindertael en 1961, le premier film de la séance, réalisé par Resnais sur Hartung constitue la “meilleure initiation aux œuvres” : “Le passant qui n’a pas toujours le temps de lire un livre trouve aisément un quart d’heure pour voir un film. Et c’est le film qui lui donne envie de revoir les toiles et en général de lire le livre qui les commente.”
Un focus improbable sur deux artistes dont l’œuvre a fait l’objet de polémiques intenses de leur vivant, avant de recevoir une reconnaissance et une légitimité totale, chacun aux extrêmes des courants artistique :
Hans Hartung (1904-1989), architecte et photographe d’origine allemande, militant anti-fasciste, devenu l’un des premiers et des plus grands représentants de l’art abstrait. Il choisit de vivre en France, de s’engager dans l’armée française contre l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale. Il en sort amputé d’une jambe et continue de peindre ses lignes noires, symbole de déchirement visuel et sonore, jusqu’à sa mort en 1989.
Jean-Michel Basquiat (1960-1988) débute sa carrière à New York en produisant du graffiti, pratique de rue déconsidérée par les conservateurs. Militant contre la discrimination raciale, il devient rapidement un des artistes américains les plus mythiques avant de mourir à 27 ans, sans avoir été consacré par les musées. Basquiat aura un impact profond sur les générations suivantes en consommant la fusion entre peinture classique et art populaire. Il est depuis porté aux nues par le marché de l’art.
Alain Resnais, Visite à Hans Hartung
Musique originale : Max-Louis Raugel
Alain Resnais a réalisé un bon nombre de films documentaires restés relativement privés et méconnus du grand public, comme celui sur le peintre Hans Hartung, produit par André Bazin, qu’il réalise en 1947, à 25 ans. Ce premier film amorce une série d’une quinzaine de visites d’ateliers sur des peintres comme Henri Goetz, Hans Hartung ou encore Max Ernst qu’il définit lui-même comme des “initiatives d’amateur”. Il tourne en 16mm, tous les films sont en noir et blanc et muets à l’exception du film Visite à Max Ernst. Les représentations abstraites des émotions le fascine : “Je suis passionné par la manière dont les artistes atteignaient alors à la forme abstraite par un dépouillement progressif des éléments de la nature qu’ils réduisaient à l’essentiel – un idéogramme – jusqu’à constituer un langage de signes”. Le film devait faire l’objet d’une commande musicale à Antoine Duhamel, qui avait alors 22 ans, mais faute de budget il est resté muet, au grand regret d’Alain Resnais qui voyait, à juste titre, dans l'œuvre de Hartung une relation directe à la perception sonore.
En hommage au réalisateur et au peintre, le Festival F’A’A a pu commander une interprétation musicale originale au compositeur Max-Louis Raugel, qui après avoir visionné et s’être enthousiasmé pour le film, a accepté de réaliser une improvisation en live pendant la projection. Max-Louis Raugel pratique la composition et l’improvisation dès 2016 avec la scène musicale expérimentale de Londres. Il s’intéresse au “rôle du son dans l’espace et les environnements sociaux et a ses pouvoirs émotifs intuitifs”.
Alain Resnais, (né en 1922, décédé en 2014) est un réalisateur français, scénariste et monteur.
Max-Louis Raugel (vit entre l’Occitanie, Londres et Bruxelles, né en 1993) est un compositeur français et musicien.
Tamra Davis, Jean-Michel Basquiat. The Radiant Child
Tamra Davis use d’images et d’entretiens inédits issus de ses propres archives pour réaliser en 2010 un portrait réaliste de son ami disparu, l’artiste graffeur d'origine haïtienne Jean-Michel Basquiat. Depuis, les messages énigmatiques que
Basquiat peignait dans les rues de Manhattan dès les années 70 sous le pseudonyme de SAMO, les apparitions dans la presse et à la télévision dès ses 18 ans pour ses fragments de textes urbains, jusqu’aux exports de ses poésie métissées de peinture sur la toile, le graphisme, l’information, la sonorité du mot, seront alors élevés à la hauteur de l’œuvre d’art.
La réalisatrice inscrit cet hommage au sein d’un contexte artistique des années 1970 et 1980 à New-York qui voient se développer au côté de la fièvre créatrice, les phénomènes de célébrité, de drogue et de marketing des galeries et musées. Le film est produit par Arthouse Films, Curiously Bright Entertainment, LM Media et Fortissimo Films.
Tamra Davis (née en 1962, vit en Californie) est une réalisatrice américaine. Elle réalise d’abord des clips musicaux pour notamment les groupes Depeche Mode, Sonic Youth et Britney Spears, puis s’oriente progressivement vers le cinéma et la réalisation. Elle réalise notamment No Alternative Girls et Crossroads.
SÉANCE
Polliniser la matière
Les métiers d’art font partie du patrimoine culturel immatériel, ils préservent la beauté et la richesse de nos territoires. Le Festival FAA met en lumière ces savoir-faire remarquables avec une séance et deux films sélectionnés qui dialoguent avec la matière, la terre, le geste. All come from dust, œuvre poétique de l'artiste réalisateur et architecte Younès Ben Slimane célèbre la singularité du savoir-faire ancestral et sublime l'usage de la terre crue dans l'architecture traditionnelle. Jonathan Safir et Alexis Pierlot dans La Main sauvage font l'expérience de la céramique, un monde en soi, traversant les siècles, les pays, les langues et les usages. Leur film interroge le savoir-faire, la relation intime des mains à la matière, corps à corps entre la glaise et l'esprit de l'artiste Hervé Rousseau, céramiste à La Borne.
Younès Ben Slimane, All come from Dust
“Une boucle de courbes sans bords. Tu étais son destin, il était sa fleur. Tu étais son tombeau, il était sa matrice. Car le ciel et l'enfer étaient des mots faits de fumée.” Younès Ben Slimane est un artiste et cinéaste tunisien. Son passé d’architecte le guide vers un dialogue permanent entre l’architecture et l’art et entre les différents gestes et médiums coexistant dans une création. Son dernier film, All come from Dust, s’attache aux techniques artisanales liées à la terre et poursuit l’un des enjeux fondamentaux de son travail : la compréhension de l’évolution des représentations des objets à travers le temps. Le film est produit par Le Centre National du Cinéma et de l’Image.
Younès Ben Slimane (né en 1992, travaille entre Paris et la Tunisie) est cinéaste, photographe et architecte. En 2020, il intègre Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Travaillant par le biais du film, la vidéo, le dessin et l'installation, il établit un dialogue entre l'architecture et les arts visuels. Il est résident de la Cité internationale des Arts à Paris en 2022. Ses films ont été sélectionnés dans des festivals internationaux parmi lesquels Locarno Film Festival, CPH:DOX et DokuFest. Il a reçu le Tanit d’or au Carthage Film Festival et le Prix Studio Collector.
Jonathan Safir et Alexis Pierlot, La Main sauvage
Pendant plus d’un an, Hervé Rousseau, grand artiste céramiste de La Borne, nous laisse pénétrer dans son intimité. Embarqué ainsi dans le quotidien de cet accoucheur de terre, on observe, interroge et comprend son processus créatif, pleinement en lien avec la nature. L’art et le geste sont confondus avec l’histoire familiale et l’humain : ici l'atelier c’est la maison des souvenirs et la terre façonnée y est remplie de mémoire. “Nous voulions montrer cette énergie dans le travail, suivre les différentes étapes de la création pour arriver à ces blocs tombés du ciel comme des météorites. Ce documentaire parle de transmission, d’amour, de patience mais aussi de souvenirs et d’absences.” (Alexis Pierlot). Le film est produit par France Télévision et Tikkoun Films.
Une coproduction France Télévisions et Tikkoun Films produite par Alice Gotheil.
Jonathan Safir est scénariste et réalisateur de films de fiction et de documentaires. En 2016 il réalise une partie du documentaire sur Jeff Mills - Exhibitionist 2. Entre 2019 et 2024, Jonathan a réalisé 5 documentaires (52') pour le groupe France Télévisions ou l'Equipe TV. Depuis 2022, aux premiers jours du conflit russo-ukrainien, Jonathan se rend à Kiev et sillonne le pays en guerre, équipé d'une caméra, pour tourner un documentaire sur une jeune femme à la vie bouleversée du jour au lendemain (Andaman Films). Il est l'auteur de plusieurs séries/unitaire de fiction en développement et en production en tant que scénariste/co-créateur (Lincoln TV - KWAÏ - Mediawan - Authentic Prod). En parallèle, il prépare le tournage de deux documentaires pour la télévision en 2024/2025 (Ladybirds Films - Roche Productions). Son premier long métrage, Les Hommes de Paille, produit en 2022 par Hugo Becker & Laurent Héla, obtient le Grand Prix Polar de Cognac. Il est sélectionné dans les festivals de Rhode Island, Nice et Stockholm.
Alexis Pierlot (né en 1986, à Paris) est acteur et réalisateur. Il enchaîne la réalisation de deux moyen métrages : Noctambus en 2010 et L’Oiseau en 2011. En 2015 il co-réalise son premier documentaire sur l'artiste Claude Vialat. Depuis 2020 il organise un festival de cinéma et de théâtre au château de Ratilly dans l'Yonne, tout en continuant sa carrière de réalisateur.
SÉANCE
L’espace est courbe
Cette avant-dernière séance du festival a un titre faussement scientifique. Elle s’inspire de manière métaphorique de la relativité, quand, au contraire de la force mystérieuse et linéaire de la gravité affirmée par Newton, Einstein eut l'intuition de l’importance de l’interaction mutuelle entre le contexte (l’espace-temps) et le comportement de l’objet lui-même. Cette interaction qui mène à une double déformation nous a fait rêvé à une relation art/cinéma qui ne serait pas de l’ordre de la représentation mais plutôt de l’ordre de la traduction en poésie ; traduction dont les poètes disent qu’elle n’est pas difficile, juste impossible. Si l’on considère un film comme un espace-temps, son objet est nécessairement déformé par le contexte du film et inversement. C’est la relativité cinématographique sur laquelle le sujet de ce festival : filmer l’œuvre, nous oblige à nous attarder. Nous sommes les interprètes d’une déformation mutuelle et relative entre l’œuvre filmée et le film de l’œuvre. Notre pouvoir interprétatif (de traduction) se trouve guidé le long d’une trajectoire déterminée par l’action déformante du film. Rappelons à ce titre qu’Erri de Luca nous apprend qu’à Naples, le cinéma a toujours été synonyme de malentendu et se disait en italien : “le quiproquo sur le drap”. La séance L’espace est courbe propose donc huit films dans lesquels l'œuvre filmée n’est pas un objet passif. Nous y explorons la déformation mutuelle, imaginaire ou visuelle, de deux œuvres : le film d’auteur et son sujet artistique.
André Delvaux, Avec Dirk Bouts
En 1975, alors que André Delvaux a 50 ans, il décide de se glisser dans la peau de Dirk Bouts, maître de la peinture hollandaise du XVe siècle, célèbre pour ses tableaux religieux peint sur commande. André Delvaux conçoit alors un surprenant portrait dans un film qui semble avoir pour sujet autant le cinéma que la peinture flamande. Il filme un dialogue, ou plutôt un conflit, entre le primitif flamand et le réalisateur du XXe siècle, entre deux temps qui d’habitude s’ignorent ou s’efface l’un par rapport à l’autre et qui, ici, fusionnent. Pourtant le film commence par un parallèle entre deux contrats : celui entre le peintre et un commanditaire, et celui entre les réalisateurs (André Delvaux et Ivo Michiels) et le producteur, la VRT (radio télévision flamande) à propos d'un documentaire sur Dirk Bouts. L’auteur cherche à se rapprocher du peintre sans distance, en créant une résonance entre eux et lui, à travers les lieux de naissance et de mort du peintre et leurs propres lieux de vie. On en vient à se laisser vivre l’aventure dans un temps inconnu, ni XXe, ni XVe, un espace diachronique. André Delvaux (né en 1926, décédé en 2002), est un réalisateur belge, réputé pour son style, le réalisme magique, et pour ses adaptations littéraires. Il a tourné notamment L’œuvre au noir et Un soir, un train avec Yves Montand et Anouck Aimée.
Léa Lublin, Zéro-Dix
Dans Zéro-dix, un film autoproduit de 1985, Léa Lublin, à partir d’images classiques de la peinture et de signaux géométriques, poursuit ici son travail de plasticienne à la recherche des fondements cachés de l’art. Dans une sorte d’histoire des formes de l’art occidental, elle propose des assemblages de figures, de découpages de lignes de construction d’images de diverses traditions picturales. Elle reconstruit ainsi une filiation artistique, à la figure de l’atlas mnémosyne de l’historien d’art Aby Warburg. Le film est prêté gracieusement par la Fondation Langlois.
Léa Lublin (née en 1929, décédée en 1999) est une artiste. Elle développe en Argentine un art expérimental avant-gardiste puis s’installe à Paris, et passe à des pratiques de reproduction d’images. Par l’analyse de la peinture, elle poursuit alors un travail iconoclaste sur les différents types de domination : coloniales, impérialistes, paternalistes et religieuses.
Alain Cavalier, Georges de la Tour
À l’inverse de beaucoup de réalisateurs, Alain Cavalier réalise d’abord principalement des fictions, puis se dirige vers un cinéma plus expérimental et documentaire. Dans ce court-métrage produit par Télérama, Réunion des musées nationaux et 13 Productions, Alain Cavalier se fait cinéaste, historien de l’art et autobiographe pour nous conter avec sensibilité sa propre perception de l’œuvre de Georges de la Tour. Ainsi replace-t-il l’Art pour ce qu’il est – ce qu’on oublie souvent : d’abord un dialogue intime entre une œuvre et celui qui la regarde. “Toi, spectateur qui regarde…” Par ce mot de passe, Alain Cavalier s’adresse à nous, au seuil du film qu’il a consacré à Georges de La Tour, lors de l’exposition qui lui fût dédiée la même année.
Alain Cavalier (vit à Paris, né en 1931) est réalisateur et scénariste. Depuis 1958, il est l’auteur de nombreux longs et courts métrages, politiques, sociaux ou documentaires. Il reçoit le prix du jury de Cannes pour son film Thérèse (1986).
Atom Egoyan, L’apparition, d’après René Magritte
Le film L’apparition (d’après René Magritte) est une Carte Blanche que Atom Egoyan réalise dans le cadre du 43e Festival du Nouveau Cinéma de Montréal en 2014. Les cinéastes étaient invités à créer un film basé sur la première impulsion. Pour Atom, le premier réflexe est le voyeurisme. Pour Justin Stephenson qui a pensé le concept du film et son design, c’était la tension entre le langage et le regard qui en était l’enjeu. Ce qui n’est pas sans rapport avec Magritte et la relation poétique entre texte et image, et notamment dans le tableau représenté dans le film qui date de 1929. Peintre surréaliste, maître des énigmes, René Magritte a laissé planer son ombre sur le cinéma. Le court métrage combine un plan envoûtant d'une femme dansant lors d'un concert des Kings of Leon avec le tableau L’apparition de Magritte et le langage visuel des tags vidéo YouTube.
Atom Egoyan (vit au Canada, né en 1960) est un réalisateur, producteur et scénariste canadien. Son œuvre comprend du théâtre, de la musique et des installations artistiques.
Patrik Pion, Les choses s’effacent devant leurs représentations
Patrik Pion est un artiste dont la pratique allie sculptures, photographies, dessins, sons et vidéos. Ses sculptures, comme ses films, sont des images mentales nourries de psychanalyse, de philosophie et de musique électro-acoustique. “Mon travail est une réflexion sur la mise en relation sujet/objet et leur interaction; et plus précisément des personnages et objets qui, en apparence, ne semblent présenter aucun rapport entre eux”.
Patrik Pion met en scène United Enemies, une sculpture de Thomas Schütte de 2011 et une figure extraite du film Sparrows de William Beaudine réalisé en 1926. Un bronze, massif et inerte, versus l'image fluide d'un enfant s'enlisant. “S’ensuit des flux de convergences, créant indéfiniment un enchevêtrement spatial et temporel. Le personnage de l'enfant évoque tantôt l’élément psychique de la sculpture tantôt agit comme une entité extérieure”. La tension que provoquent ces nœuds psychologiques et visuels, s’ils peuvent être source de blocage peuvent également permettre, dans la courte durée de leur surgissement, l'apparition d'ouvertures nouvelles et salvatrices”. Le film est autoproduit par Patrik Pion.
Patrik Pion (vit à Bagnolet, né en 1954) est un artiste pluridisciplinaire. Jusqu’en 2013, Patrik Pion travaille en duo avec l’artiste Paule Combey sous le nom de CombeyPion. Son travail est représenté par la Galerie Valérie Cetraro.
Laurent Fiévet, Teorema, L’annonce faite à Lucia et Teorema, Tablette tactile
Les recherches de Laurent Fiévet consistent majoritairement dans la confrontation d’images, puisées principalement dans les univers culturels de la peinture et du cinéma : des univers partagés par tous, une culture commune et parfois populaire, qui lui permet de placer le visiteur sur le même plan que l’auteur : celui qui vit l’expérience sensible.
“Les montages vidéo de la série Teorema œuvrent à tisser un réseau de correspondances entre de courts fragments du film homonyme de Pier Paolo Pasolini (Théorème, 1968) et différentes compositions, en grande partie religieuses, de l’histoire de la peinture occidentale. Ils s’inscrivent à ce titre dans le prolongement direct d’œuvres et de séries antérieures (Suites hitchcockiennes, Nouvelles suites, States of Grace, Drowning Figures) qui élaborent le même genre d’articulation entre peinture et cinéma.” (Laurent Fiévet)
La projection proposée est un montage en boucle à partir de deux films. Superposés sur le film Théorème de Pier Paolo Pasolini (1968), on retrouve pour le premier Teorema les Annonciations des grands peintres de la Renaissance italienne : Fra Angelico, Léonard, Fra Filippo, Lippi, Le Pérugin, Le Tintoret, Giotto, Botticelli, Raphaël, Bellini, Battista d’Agnolo, Lorenzetti, Veneziano… Pour Tablette tactile, c’est la Descente de croix du peintre flamand Van Der Weyden qui monopolise une partie du film avant de céder à un panorama géographique européen et historique plus large, jusqu’au 18e, qui jalonne Poussin, Véronèse et Ruben.
Laurent Fiévet (vit à Paris, né en 1969) est artiste, commissaire d’expositions, collectionneur et enseignant.
Andreas Koch, Tatsächlich lese ich gerne Zeitung [En effet, j’aime lire le journal]
Dans son dernier film, Tatsächlich lese ich gerne Zeitung [En effet, j’aime lire le journal], Andreas Koch superpose à la déambulation lente et progressive de la caméra une réflexion sur l’espace, le lieu, la matérialité de l’art et le statut d’auteur à l’épreuve de l’artificialisation croissante et généralisée. Le film est produit par Regie & Schmitt et Konzept.
Andreas Koch (vit à Berlin, né en 1970) est un artiste visuel. Il est aussi concepteur de livres, auteur et éditeur de la revue d’art contemporain, “Von hundert”. Il a étudié les arts plastiques à la Hochschule für bildende Künste de Berlin avec Dieter Appelt et Christiane Möbus.
SÉANCE
Énigme et Incertitude
Parfois, filmer l’art répond moins au désir d’interpréter ou d’illustrer une inspiration croisée entre l’artiste et le cinéaste, qu’au besoin d’observer, de chercher et de se laisser prendre par l’oeuvre (ou l’artiste) dans ce qu’il ou elle a de plus labyrinthique. Le film devient alors un outil de l’enquête. Les dispositifs de filmage sont autant de procédés pour partir à la recherche des enjeux posés par la création. Comment résoudre alors l'ambiguïté de ce lac d’informations visuelles que représente la surface d’une œuvre ?
Luciano Emmer, Parole Dipinte – I Fratelli Miracolosi
Ce film sur Piero della Francesca fait partie de la série Parole Dipinte définie ainsi par Luciano Emmer comme une tentative de filmer l’art d’une manière que nous pourrions appeler poétique plutôt que académique, permettant à tous de comprendre et aimer l’œuvre de l’artiste.
Fidèles à leur principe d’immersion dans la peinture, les cinéastes projettent l’arrière-plan de la peinture de Fra Angelico sur le premier plan et réduisent ainsi la profondeur du tableau. L’enquête visuelle permet de fouiller l’espace. Les réalisateurs ne s’attardent pas sur la chronologie du récit des frères Côme et Damien, dénoncés comme chrétiens puis pourchassés pour être précipités à la mer, brûlés, lapidés, percés de flèches sans que jamais la violence ne les atteignent, jusqu’à ce qu’on leur tranche la tête. Il part à la recherche de la genèse de la peinture et découvre son profond contenu humain, qui permet de comprendre l’état d’esprit de l’artiste au moment de la création et dans la réalité de son époque. Le film est produit par Colonna Films.
Luciano Emmer (né en 1918, décédé en 2009) est un réalisateur et scénariste italien. Il fonde avec Enrico Gras une société de production, Dolomiti Film, pour financer une série de court-métrages documentaires dédiés aux arts plastiques. Il tournera ensuite Un dimanche d’août (1949), sans jamais renier la forme documentaire.
ORTF, André Malraux à propos de Johannes Vermeer
“Pour la première fois dans l'histoire de l'art le sujet du tableau devient chez Vermeer l'objet de la vision.” Dans un journal télévisé de 1966, produit par l’unique chaîne Office National de Radiodiffusion Télévision Française, André Malraux joue au critique d’art-détective devant un des plus grands tableaux de Johannes Vermeer (120×100cm) peint entre 1665 et 1670 : L'Art de la peinture aussi intitulé La Peinture, L’Atelier ou L’Allégorie de la peinture. À la manière d’une performance de lecture de la toile, il dévoile les sujets de l’intimité de Vermeer et l’identité de ses modèles. Malraux plaque ainsi un récit sur celui qui était pour Émile Cioran “le maître de l’intimité” ; celui qui d’après Élie Faure créait “la peinture du silence où, rien de ce qui est montré ne raconte quoi que ce soit.”
Le Mauritshuis, musée néerlandais, accueillait à l’occasion de ses 150 ans une exposition consacrée au peintre Vermeer : Dans la lumière de Vermeer – Cinq siècles de peinture.
Henry Joost et Ariel Schulman, A Brief History of John Baldessari
“John Baldessari est considéré comme étant le parrain de l'art conceptuel, un maître de l'appropriation. Il a réalisé des peintures, des photographies, des panneaux d'affichage, des vidéos, des films, des sculptures, de l'art numérique, des cartes de crédit et une application pour iPhone...” Commandé par le Lacma (Musée d’art contemporain de Los Angeles) et produit par Supermarché Production, ce film condense en 6 minutes la vie épique d'un artiste de renommée mondiale, raconté par Tom Waits à la manière d’un speed-dating flamboyant, réaliste et frôlant plus d’une fois la dérision.
Henry Joost (vit aux États-Unis, né en 1982) est un réalisateur américain. Ariel Schulman (vit aux États-Unis, né en 1981) est acteur, réalisateur et producteur. Ils produisent notamment une série de courts métrages sur l’art contemporain, parmi lesquels Metropolis II (2011), dans lequel ils filment Chris Burden.
Yuki Okumura, Welcome Back, Gordon Matta-Clark
Yuki Okumura tente de redéfinir, par ce film-performance, le principe d’identité individuelle et des liens entre individus. Il s’inclut souvent dans ses œuvres, cherchant de nouvelles formes à donner à l’autoportrait et à l’autobiographie fondées sur la pluralité.
Welcome Back : Gordon Matta-Clark est un film qui relève à la fois d’une enquête portant sur l’art, les musées, et d’une investigation autobiographique. Ce film retrace et intègre la mémoire de l’artiste américain Gordon Matta-Clark (1943-1978) lors de sa rencontre avec Flor Bex qui était à l’époque, directeur de l’ICC – International Cultural Center – à Anvers, en Belgique, et qui avait à ce titre invité Matta-Clark en 1977 à réaliser une œuvre majeure dans cette ville : l’œuvre urbaine et “anarchitecturale”, Office Baroque.
Ce film suggère une double réincarnation : celle de “Office Baroque” en MuHKA (Museum voor Hedendaagse Kunst van Antwerpen), musée d’art contemporain qui sortira de terre en 1982 comme en réaction à la démolition de l’œuvre urbaine “amonumentale” ; et celle de Gordon Matta-Clark en Yuki Okumura.
Yuki Okumura (vit entre Bruxelles, Tokyo et Maastricht, né en 1978) est un artiste basé à Bruxelles et à Maastricht.
Caroline Delieutraz, Le monde à l’ère post-photographique. Arpenter Google Street View avec Caroline Delieutraz
Caroline Delieutraz est une artiste qui utilise le film comme médium pour scruter la circulation des images et la manière dont celles-ci transforment nos imaginaires et agissent sur nos consciences.
Caroline Delieutraz réalise une série commencée en 2012, produite par Palm Production, composée de diptyques qui juxtaposent des pages de La France de Raymond Depardon (2010) et des captures d’écran d’images de Google Street View prises aux mêmes endroits que les photographies de Depardon. Les images ont été réalisées à la même époque et selon des modes opératoires assez proches. Depardon s’est lancé en 2004 dans ce projet. Il a arpenté la France en camionnette, s’arrêtant pour photographier le pays depuis la route. Les Google Cars, ces voitures équipées d’une caméra aux objectifs multiples, parcoururent le pays à partir de 2008…
Avec la photographie naît le fantasme de la constitution d’un double de la planète qui viendrait recouvrir le monde de ses images et le rendrait accessible à chacun. Les possibilités offertes par internet, Google Earth ou Google Street View sont vertigineuses : tous les paysages du monde, ou presque, sont accessibles en quelques clics. Au point, peut-être, d’avoir rendu obsolète la photographie de paysage telle qu’elle a été pratiquée depuis l’invention du médium. C’est ce que prouverait Deux visions de Caroline Delieutraz.
Caroline Delieutraz (vit à Paris, née en 1982), est une artiste française, représentée par la galerie 22,48 m².
Yona Friedman
Yona Friedman (né en 1923, décédé en 2019), architecte, anthropologue et artiste, Marianne Polonski-Friedman, sa fille, étaient des personnes d’une saisissante sensibilité, d’une intelligence inhabituelle, d’un humour et d’une douceur supra humaine. Ils nous ont quittés, l’un fin 2019, l’autre cet été, pour rejoindre selon leur expression : les extra-terrestres. Un hommage leur est rendu au Festival F’A’A par la projection des Films d’animations réalisés en 1960 et du diaporama sur l’architecture “Slideshow ARCHITECTURE”.
FILMS D’ANIMATION,1960-1963
Les Films d’animation ont été réalisés entre 1960 et 1963 par Yona Friedman et sa femme Denise Charvein, monteuse des films de Buñuel. Commandés pour l’ORTF par Pierre Schaeffer, réalisés grâce à la technique Truca et accompagnés d’une illustration sonore réalisée à partir d’enregistrements de musiques africaines recueillis par l’UNESCO, ces films furent diffusés en Afrique par Jean Rouch et connurent un énorme succès.
● Yona Friedman, Moukengue, 11’10
● Yona Friedman, Les aventures de cheveux de lion, 11’45
● Yona Friedman, La jeune fille avec des gazelles, 21’
● Yona Friedman, Samba Gana, 12’
● Yona Friedman, Annalya tou bari, 10’
● Yona Friedman, Le serpent d’Issa Ber, 10’20
● Yona Friedman, Les Gabouloukous, 11’
● Yona Friedman, Koulou Mamalla, Le lion, le lièvre et l’araignée, 11’20
SLIDESHOW ARCHITECTURE, 1959-2017
Un diaporama dessiné par Yona Friedman entre 1959 et 2017 qui traite de “comment habiter la terre”. Mise en son de Max-Louis Raugel. Le Slideshow balaye les réflexions qui ont fondé ses recherches : Cités virtuelles - Mégalopolis - Conditions de vie - Construire moins - L’architecture sans bâtiments - Espace urbain - Conteneurs - Meubles + - Espace-lien - Polyèdres irréguliers - Espace aléatoire - Musée iconostase - Dissolution de l’architecture - Improvisation en architecture Les arbres - La Ville Spatiale - Utopie réalisable
Carte blanche à l’Association A.R.T Aimer.Ressentir.Transmettre
Trois films documentaires de Bérengère Casanova
Bérengère Casanova
Productrice à France 3, Bérengère Casanova crée en 1990 sa société de production Équipage. Elle produit aujourd’hui des films documentaires sur l’art.
● Bérengère Casanova, Michel Madore. En bordure du silence, 2023 15’
Michel Madore est un peintre, sculpteur et écrivain québécois. Il travaille en France, dans la région Centre Val de Loire. et en Chine. L'art de Michel Madore est au coeur de la création contemporaine. Dans la plus forte et la plus vraie densité, il détruit l'apparence du corps narcissique pour faire surgir l'âpreté du trait, l'infinie résistance de l'être aux agressions de l'existence. L’art de Michel Madore, que ce soit via son travail pictural, sculptural ou littéraire, est une quête d’absolu dans le dénuement. Son oeuvre, d’une infinie délicatesse dans le fond comme dans la forme, est emplie d’une profonde spiritualité. Le film est produit par l’Association A.R.T. et Équipage média.
● Bérengère Casanova, Georges Jeanclos. Murmures, 2017, 15’
Georges Jeanclos est un des sculpteurs qui marque le XXe siècle, développant un signe plastique tourné vers le concept plutôt que vers la matière. Ainsi naît un oeuvre unique et universel, qui exprime brillamment la fragilité de la condition humaine.
Le devoir de l'artiste, tel que Georges Jeanclos le comprend, est à la fois de ne pas fermer les yeux devant les puissances dévastatrices qui nous entourent et de mener à bien “cette création dont l'unique motif est l'amour”. Le dépassement de l'être doit venir de l'être lui-même. Les images de Jeanclos révèlent à la fois l'insigne faiblesse de notre personne et la force irréductible de notre amour ; par leur simple existence, elles nous aident à vivre. Le film est produit par l’Association A.R.T. et Équipage média.
● Bérengère Casanova, Qui se cache derrière Jacky Coville, 2020, 15’
Le sculpteur Jacky Coville a repris l'atelier de Roland Brice, faisant le choix de la céramique pour exprimer son univers fantastique, dialogue de couleurs et géométries. Le récit d'une vie dédiée à la forme et à la matière, où la poésie côtoie l'humour. Le film est produit par l’Association A.R.T. et Équipage média.
Informations
Contacts & informations
Contact Presse
Marie Laure Ravier
+33 6 60 17 12 58
marielaureravier(at)gmail.com
Partenaires
PARTENAIRES OFFICIELS
Ville d’Aubigny-sur-Nère
Direction régionale des affaires culturelles – Préfet de la Région Centre‑Val de Loire
Conseil départemental du Cher
Région Centre-Val de Loire – Nouvelles Renaissances
Communauté de Communes Sauldre et Sologne
Château de Moison
Berry Provinces
PARTENAIRES ARTISTIQUES
Ciclic – Région Centre-Val de Loire
FRAC Centre-Val de Loire
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Galerie Capazza
JAP (association Jeunesse et Arts Plastiques)
Allons Voir !
Association A.R.T.
PARTENAIRES PROJETS 2024
France Bleu Berry
Crédit Agricole
Domaine Guillerault-Fargette Sancerre
Domaine Adèle Rouzé Quincy
Domaine Jacques Rouzé Reuilly
Comité artistique
Carine Bienfait
Directrice de l’association Jeunesse et Arts Plastiques (JAP)
Sylvie Boulanger
Curatrice et programmatrice
Jean-Yves Charpin
Réalisateur, vice-président des Ateliers de Moison
Lydie Delahaye
Maîtresse de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Mary-Anne de La Palme
Productrice, présidente des Ateliers de Moison
Jonathan Pouthier
Responsable de programmation cinéma, Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou
Comité de programmation
Sylvie Boulanger
Curatrice en art contemporain et éditrice, a réalisé des expositions, des collections, des livres, des films et des festivals, pour le compte du Ministère de la culture, d’associations et de fondations privées. Elle étudie particulièrement les enjeux de l’art qui se diffuse hors du champ académique de l’art. Elle dirige les rencontres (Made Anywhere), anciennement MAD (Multiple Art Days). Elle est membre du Laboratoire SACRe, du LabEx ICCA Paris 13, de l’UFR ape Paris 8, de la Revue Multitudes.
Jean-Yves Charpin
Chef opérateur et réalisateur, vice-président des Ateliers de Moison, contribue à la création et à la réalisation de l’émission Capital sur M6, collabore à Lundi Investigation pour Canal+, et sur de nombreux documentaires télévision et cinéma, tel que Mon Maître d’école d’Emilie Thérond. Passionné par l’écologie, il sera, pour France 5, un des piliers du magazine Gaïa. Il a fait l’École Louis Lumière Paris.
Lydie Delahaye
Maîtresse de conférence à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Docteure en Études cinématographiques et diplômée de l’École des beaux-arts de Paris, ses recherches portent sur les enjeux esthétiques de la médiation des savoirs par le film. Elle prépare un ouvrage sur les enjeux critiques et historiques de l’art filmé aux éditions Mimesis.
Mary-Anne de La Palme
Productrice, présidente des Ateliers de Moison. Directrice des Films du Grillon puis de MAB Production, elle produit des formats courts et de nombreux documentaires pour la télévision. Ses courts-métrages cinéma Comme un Frère primé à Alès et Départ Immédiat Prix Spécial du Festival de Clermont-Ferrand et Grand Prix du Festival de Cabourg ont été sélectionnés dans de nombreux festivals étranger.
Jonathan Pouthier
Attaché de conservation au Musée National d’Art Moderne – Centre Pompidou à Paris, et chargé de la programmation de la collection des films. Il est l'auteur de nombreux articles sur les relations entre le film et les arts visuels et de l’ouvrage L’histoire d’une histoire du cinéma (co-édité avec Enrico Camporesi, Centre Pompidou / Paris expérimental, 2023). Il a été le commissaire de plusieurs expositions, notamment Le reste est ombre. Pedro Costa, Rui Chafes, Paulo Nozolino (Centre Pompidou, 2022, co-commissaire Philippe-Alain Michaud), Rosa Barba, Hear, There, Where the Echoes Are (Centre Pompidou, 2023) et Do You Know Snow ? (Centre d’art contemporain de Genève, 2023, co-commissaire Pierre Leguillon). Il enseigne l’histoire de l’art et du cinéma à l’École du Louvre et à l’ETH à Zurich.
Pascale Raynaud
Responsable de la programmation cinéma à la Direction de l’auditorium et des spectacles, Musée du Louvre. Elle y a initié et y programme, notamment, les Journées Internationales du Film sur l'Art, festival annuel sans compétition proposant une sélection de films sur l’art récents ainsi que des cartes blanches, des focus thématiques et des spectacles à la croisée des arts. Elle a participé à la création et est responsable de la collection de films sur l'art du Louvre, qui reconstitue une histoire du documentaire sur l’art depuis ses origines. Docteure en Histoire de l’art / Études cinématographiques, elle est spécialiste du cinéma des premiers temps, notamment du corpus Lumière, et s’intéresse particulièrement à l’émergence du langage cinématographique et aux croisements du cinéma avec l’histoire de l’art et l’archéologie.
Le Festival F’A’A, les Ateliers F’A’A et la Résidence F’A’A sont produits par LAM – Les Ateliers de Moison, Château de Moison, 18380 Ivoy-le-Pré
Musique originale générique Max-Louis Raugel
Design graphique Roch Deniau
Musique originale générique Max-Louis Raugel
Design graphique Roch Deniau